uel beau et noble sujet ! Cela peut-être l’objet d’une thèse, il est très difficile d’en parler d’une manière exhaustive en quelques minutes.
En effet l’homme depuis toujours est un être sociable qui cherche par sa nature même de faible et d’imparfait l’aide du voisin. Avant l’Islam nous avons vu au cours de l’histoire la formation d’agrégats, de tribus, de clans, de provinces où agissait la solidarité mais d’une manière spéciale, restreinte d’une part, et en vue de causes plus ou moins louables d’autre part. N’avons-nous pas vu des clans se former pour s’attaquer, des tribus pour se défendre de la tribu voisine, piller ou se venger. Un des exemples les plus frappants de cette solidarité mal orientée n’est-elle pas la vendetta où pour un meurtre, deux clans s’entretuent sauvagement. Il a fallu au cours des temps que la parole de Dieu les guida par ses envoyés apportant une discipline à cette solidarité aveugle.
L’Islam brisa toutes les barrières entre régions, clans, tribus, forma cette belle unité qu’on appelle la Communauté EL-Umma où les membres doivent se comporter comme des frères :
A méditer sur l’Islam, on s’aperçoit que quatre des cinq fondements de cette religion sont plus ou moins consacrés à cette solidarité agissante qu’elle dans le domaine matériel ou dans le domaine moral.
Ainsi, même dans la prière qui est un devoir de l’homme envers le Seigneur, Dieu a bien voulu y mêler cette solidarité des membres de la UMMA, « la prière en commun n’est-elle pas plus méritoire que la prière individuelle ? »
D’autre part, dans le rituel même de cette prière, l’Imam et la UMMA derrière lui, constituent pendant leur prière une seule âme.
Le jeûne en dehors de toutes ses valeurs diététiques, morales et religieuses, le développement de la maîtrise et du rapprochement vers Dieu, le jeûne réalise ce que ne réalise aucune autre chose, c’est cette union de tous les fidèles dans le même état, pauvres, riches, éprouvant les mêmes douleurs et les mêmes joies en même temps.
L’aumône obligatoire, inutile de m’y étendre beaucoup : c’est la part que le riche doit obligatoirement à la société. Par là, Dieu, a voulu faire du riche l’ami du pauvre.
Quant au pèlerinage, on ne peut ignorer sa grande valeur de solidarité morale que ce rassemblement œcuménique des musulmans. A part l’accomplissement de leur devoir religieux, les pèlerins ont des contacts avec d’autres musulmans de l’autre partie de la terre et réalisent l’union de la UMMA en une âme le jour de « Arafat » et reviennent riches et aggrandis de la connaissance des frères des autres confins du monde.
Je m’excuse si je passe rapidement. Si nous revenons à la première source de l’Islam et que nous feuilletons le Livre Sacré, la première chose qui nous frappe, c’est que dans le même verset qui invite les croyants à adorer Dieu, il y a une invitation à la solidarité dans le domaine moral et matériel.
« Adorez Dieu, et n’y associez rien ? Et soyez bons envers vos parents et les proches, les orphelins, les pauvres, les voisins parent et le voisin étranger, le compagnon, le voyageur »…
Et dans la Sourate II :
‘Le bien ne consiste pas à se tourner vers l’Orient ou l’Occident mais l’homme de bien est celui qui croit en Dieu, au jour du jugement dernier, à l’existence des anges, aux Livres Sacrés et aux Prophètes. Celui qui donne l’argent, bien qu’il l’aime, aux proches, et aux orphelins…et celui qui tient sa promesse ».(Coran II, 175)
Et dans l’autre Sourate :
« Dieu nous ordonne de pratiquer le justice, la bonté, et de tenir nos promesses. »
Nous ne pouvons citer tout le Coran, car cette solidarité agissante émane tout le long du Livre. Les verbes à forme de réciprocité y abondent : « entre aidez-vous, recommandez-vous mutuellement la patience etc… »
Le Livre Sacré a donc bien ordonné la solidarité agissante, et qui plus est, l’a bien orientée vers ceux qui en ont le plus besoin : les faibles, le pauvre, l’orphelin, les parents vieux, ceci dans le domaine matériel et moral puisque tout membre fort ou éclairé doit guider l’autre vers le bien et, dans cette perspective le chemin est riche.
Dans la tradition, les paroles du Prophète sont le reflet de la parole de Dieu.
« Les Musulmans sont comme un bâtiment cimenté de plom, dont les parties se soutiennent mutuellement. »
Et dans cette autre parole :
« Les musulmans sont comme un corps, lorsqu’un membre se plaint tous les autres membres y répondent par la fièvre et l’insomnie ».
« Et que celui qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier qu’il ne nuise pas à son voisin ».
« Celui qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier qu’il reçoive son hôte avec libéralité. »
« Celui qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier qu’il dise une bonne parole ou se taise ».
« Ne fait partie de notre communauté, celui qui prêche l’esprit du clan ».
Donc solidarité morale et matérielle avec les voisins et les membres de la société. Les paroles du prophète et ses actes illustrent bien ce qui a été dit dans le Livre Sacré.
Il en a été de même après le prophète, avec les califes orthodoxes, et cette solidarité agissante est restée toujours vivante au cours de l’histoire et actuellement.
D’abord dans la première cellule de la société musulmane, la famille, à travers l’histoire, le chef de famille ou l’aîné, ou l’être le plus capable s’est toujours senti moralement responsable des autres membres de la famille et jusqu’à présent grâce à Dieu, l’aîné est le soutien moral de la famille tant qu’il cette éducation religieuse traditionnelle qui est d’une valeur humaine.
L’asile des vieux, par exemple dans les villes qui ont gardé cette morale est inconnu, la femme âgée et le grand-père trouvent refuge et égards chez leurs enfants et petits-enfants qui les considèrent pour leur maison comme une bénédiction « Baraka »(parfois avec baise-mains et baise-tête tous les matins).
« Ton Seigneur ordonne de n’adorer que Lui, de bien se conduire envers ses pères et mère, encore plus dans leur vieil âge. Garde-toi de tout écart de langage ou de les contredire. Parle-leur avec respect. Montre-toi humble et tendre envers eux. Dis : Seigneur, reçois-les dans le sein de ta miséricorde pour m’avoir élevé » (Coran XVI :23 et 24 )
Le voisin n’est-il pas sacré par le Livre et le Hadith ? Emmenage-t-il ? le nouveau voisin, qu’il ne connaît pas encore lui offre le repas le premier jour. Que c’est réconfortant ! Lui dont les affaires ne sont pas encore déballés, se trouve avec sa famille servi à domicile par ses voisins.
Y a-t-il mariage, naissance, maladie ? les voisins lui apportent spontanément l’aide de leurs bras et leurs temps.
A-t-il besoins de menues choses ? les voisins les lui prêtent.
A-t-il été l’objet d’un malheur : vols, incendie ? les amis organisent une collecte et viennent le soulager de sa douleur et de sa perte.
A l’occasion d’un deuil, ils prennent part à son malheur et s’il est pauvre, ils l’aident matériellement en cette occasion pénible et onéreuse.
Au mariage, et cette pratique de la « Taoussa » « Boussat arrasse », qu’on a longtemps critiquée comme une innovation, eh bien non, elle a toujours existé mais pratiquée en nature(semoule…) : sera-t-elle « bidaa », nous dirions qu’elle est bonne.
D’autres objectent : »pourquoi tant de bruit pour un mariage ? qu’il soit intime, cela reviendrait au même ». Non au point de vue social, il faut qu’il soit célébré assez solennellement pour pousser à l’imitation de cette institution sociale qui garantit à la société la pérennité de ses valeurs morales et de sa pureté.
Et l’hospitalité, elle était pratiquée et l’est toujours d’une manière magnifique grâce à elle de grands hommes comme Ibn Khaldoun, par exemple, ont pu réalisé ce qu’ils ont fait. Grâce à elle, celui cherchait la Science se rendait de l’Occident à l’Orient ou de l’Orient à l’Occident, étant toujours reçu comme chez lui.
Pendant la guerre de libération, le combattant était partout chez lui et la Oumma a pris conscience de son unité, de sa cohésion.
Ainsi des origines de l’Islam jusqu’à nos jours, cette solidarité sociale n’a cessé d’être recommandée, pratiquée, portant ses fruits.
Le riche, ami du pauvre, l’instruit ami de l’ignorant, de l’analphabète. Nous édifions, nous ressentons plus que jamais que chacun se doit de dispenser à son voisin, ami, compagnon, collègue ou supérieur une entre aide matérielle, morale et intellectuelle dans la mesure de ses possibilités. Et les femmes dans ce domaine ont un champs d’action très vaste et je voudrais terminer par cette parole profonde de Dieu. « Les croyants et croyantes sont les walis des uns et des autres » avec tout ce que contient de sens riche le mot wali, je vous laisse méditer sur sa profonde signification.
Extrait de la revue « Humanisme Musulman » Dhoul Hidja-Moharram 1386, Avril-Mai 1966 numéro 10 et 11.
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